Machine Head n'a pas seulement accouché d'un monstre, il a sorti là un chef-d'oeuvre absolu", "Qualitativement, cet album met la barre à une hauteur insensément élevée", "l'album thrash de la décennie !"... Autant de dithyrambes piqués dans la presse spécialisée qui témoignent de l'engouement que suscite cet album...
Le premier album de Machine Head, le meilleur, manquait de fraîcheur.
Le deuxième était presque sans intérêt.
Le troisième, différent, alternait des compos très solides avec de la merde bien liquide.
Le quatrième montrait que le groupe ne savait plus où il allait.
La rage perceptible du cinquième ne suffisait pas à masquer la faiblesse des compos.
Pour situer la qualité de ce dernier opus, vous reprenez tout ce qui caractérise chaque album, vous mélangez, vous saupoudrez d'une tonne de riffs rentre-dedans et vous obtenez The Blackening.
L'album ne contient que huit plages mais s'étale sur plus d'une heure ! Ce qui est normal car la moitié des titres dépasse les neuf minutes !
"Diantre ! Le groupe doit en avoir des choses à dire, sur cet album."
En fait non. C'est même tout l'inverse: le groupe n'avait apparemment tellement rien de bon à proposer qu'il s'est contenté de mettre bout-à-bout les 300.000 riffs improvisés au cours de toutes les jams qui ont séparé Through the Ashes of Empires de The Blackening. Faut dire qu'en quatre ans, on a le temps d'en pondre des riffs de bûcheron.
Tout l'album n'est donc qu'une succession de digressions: le groupe passe d'un plan à un autre qui n'a tout simplement rien à voir et tente de relier le tout histoire d'avoir un semblant de compo. La cohésion des titres en prend alors un sacré coup et leur durée paraît bien artificielle, sauf à deux reprises où la probabilité qu'un procédé aussi hasardeux puisse trouver ses marques fonctionne et où la (tête de) machine tourne à plein régime: "Halo", titre rendu poignant par un refrain beau à pleurer entouré de riffs-compresseurs, la recette est connue mais fonctionne toujours; et "Wolves", le meilleur titre de l'album, dont la succession de riffs de malades et de solos de tueurs se révèle pour le coup effrayante d'efficacité.
A tel point qu'on en arrive à se convaincre qu'on a mal écouté le reste, mais rien n'y fait; au fil des écoutes, on se rend compte que l'illusion ne dure qu'un temps et qu'au final, il est vraiment difficile de voir dans cette compil' de riffs plus ou moins inspirés un grand album.